Pour le pouvoir d’achat, la bonne solution c’est une augmentation rapide du SMIC.

Publié le par les Socialistes du Rhône avec Laurent FABIUS

Interview publiée dans Le Parisien du 1er septembre 2006

Pensez-vous comme le Premier ministre qu’il y a un malaise sur le pouvoir d’achat ?

Le mot malaise est faible. Je le vois dans ma ville de Grand-Quevilly : les gens constatent que presque tout augmente mais que les salaires, eux, ne suivent pas. Il n’y a que dans les statistiques du gouvernement que le pouvoir d’achat augmente ! La réalité, c’est que la vie est de plus en plus chère, ce qui crée un sentiment d’injustice.

Chèque transport, majoration de la prime pour l’emploi... Le gouvernement s’efforce pourtant à faire face, non ?

J’ai fait le calcul : une personne qui serait au maximum de ces deux mesures touchera un peu plus d’un euro par jour. Le compte n’y est donc absolument pas ! Même si toute amélioration est bonne à prendre, le mécontentement restera présent.

Vous êtes dur, après tout 360 euros par an, ce n’est pas rien !

Oui, mais la mesure « prime pour l’emploi » va finir, avec ce gouvernement, par se substituer à la hausse des salaires et encourager les entreprises à se tourner vers l’Etat afin qu’il prenne leur relais. Quant au chèque transport, son caractère facultatif limite franchement sa portée. D’autant que de nombreuses catégories (chômeurs, personnes âgées, jeunes) qui n’en bénéficieront pas. D’ailleurs, les réactions syndicales et patronales ont été très mitigées.

Et vous, qu’auriez-vous fait de plus pour relancer le pouvoir d’achat des Français ?

On pourrait immédiatement rétablir la TIPP flottante que j’avais créée et que la droite a supprimée. Quand le gouvernement dit qu’il n’engrange pas d’argent sur la hausse du pétrole, il ment. Seriez-vous d’accord pour baisser les taxes (près de 80% par litre) sur l’essence, ce serait plus simple et plus efficace, non ?

Au minimum il serait normal que l’Etat n’empoche pas davantage quand les prix augmentent. Par ailleurs, je préconise une taxation exceptionnelle des compagnies pétrolières avec redistribution des sommes concernées. Si je me place dans l’hypothèse de la présidentielle, je souhaite être le candidat du pouvoir d’achat.

Quelles sont vos propositions concrètes ?

Pour les ménages, je préconise d’abord une augmentation rapide du Smic. Si on n’utilise pas cet outil à la disposition du gouvernement, il ne se passera rien. Voilà pourquoi je propose 100 euros ( + 8 %) tout de suite, ce qui constitue une hausse réelle et responsable, compensée pour les petites entreprises par des exonérations. En revanche, je propose pour les grandes entreprises la suppression des exonérations de charges, qui se sont révélées inefficaces. Il convient dans la foulée d’organiser une grande conférence salariale afin que la revalorisation du Smic soit répercutée sur les autres salaires. Car il ne s’agit évidemment pas de mettre tout le monde au Smic, mais de faire en sorte que la hausse du Smic profite à tous.

La suppression des charges sur les petites entreprises, le gouvernement vient de l’annoncer, il vous a pris de vitesse ?

Elle n’est pas financée et elle ne vient pas en compensation d’une hausse du Smic.

Vous proposez 8% sur le Smic, alors que depuis 2004, il a déjà augmenté de 11,4%. N’êtes vous pas finalement timide par rapport à la droite ?

Il faut choisir : on me reproche d’être trop audacieux ou trop timide ? Le fait d’accorder aux bas salaires 100 euros de plus par mois dans la cinquième puissance du monde me paraît tout à fait raisonnable. C’est une question de justice sociale. D’autant qu’au cours des 20 dernières années, le partage de la valeur ajoutée entre le profit et le travail a baissé de 10 %. Revaloriser le travail, c’est d’abord payer les gens correctement. J’y suis favorable socialement et économiquement.

En France, le pouvoir d’achat a commencé à stagner au moment des 35 heures. S’ils veulent gagner plus, les gens ne doivent-ils pas d’abord avoir la possibilité de travailler plus ?

Je n’ai jamais été l’ennemi d’un certain nombre d’adaptations du temps de travail. Mais s’il s’agit de supprimer en fait les 35 heures, ce n’est pas le mouvement de l’histoire.

Souhaitez-vous utiliser de nouveau la baisse des impôts pour redonner de l’argent aux Français ?

La dette de notre pays a beaucoup augmenté depuis 2002. Le déficit budgétaire est là. Il faut dire la vérité : en 2007, nous ne multiplierons pas les largesses fiscales et nous reviendrons sur celles qui ont été faites par la droite en direction des ménages aisés. Il y a une disproportion totale entre l’euro supplémentaire par jour accordé aux familles modestes et les 4 milliards d’euros qui vont être distribués aux plus fortunés.

Publié dans Vu dans la Presse

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article