Yassir Fichtali : Seul Laurent Fabius répond aux aspirations de la jeunesse
Président de l'Union Nationale des étudiants de France (UNF) de 2001 à 2005, Yassir Fichtali milite aujourd’hui au sein de NPS.
Pourquoi as-tu décidé de soutenir Laurent Fabius ?
J'ai toujours été réticent aux écuries présidentielles car j'ai toujours considéré que ce qui est déterminant c'est le contenu, le projet porté : je ne crois pas en l'homme providentiel.
Mais l'heure des choix est arrivée : toute politique s'incarne et, à cette étape, celui qui me semble le plus en adéquation avec le projet voté par les socialistes et les aspirations des Français est Laurent Fabius. Je crois qu'il a suffisamment d'amarres larguées dans le réel pour ne pas dériver à la première vague. Cela me parait tout à fait important.
Peux-tu nous dire quelque mot de ta première rencontre avec Laurent Fabius?
Ce n'est pas tant la première rencontre qui m'a marqué mais la constance des relations qu'il a entretenues. Il n’a jamais été question pour lui d'en tirer un quelconque profit médiatique ou de faire un "coup". Il voulait simplement comprendre, s'informer. Pour un responsable syndical, cela est appréciable. La confiance se construit et, même si nous n'avons pas toujours été d'accord, elle s'est construite.
La situation particulièrement catastrophique des étudiants et plus largement des jeunes a-t-il guidé ton choix ?
Une chose est sûre : les aspirations des jeunes diversement exprimées depuis 2002 (des manifs anti Le Pen à la mobilisation contre le CPE) méritent une réponse. La précarité des jeunes est massive, elle est un problème pour toute la société. Je constate que Laurent Fabius est le seul candidat à mettre en avant l’idée d’une allocation d’autonomie pour les jeunes en formation, qui figure pourtant dans le projet socialiste. Un an après les émeutes dans les banlieues et six mois après le CPE, je suis frappé par la faible place des problèmes des jeunes dans l’expression des autres candidats.
Par ailleurs, je ne peux qu'être en accord avec ses déclarations sur l'éducation, son refus de la régionalisation et les limites de l'autonomie des établissements. J'entends dire par certains candidats que l'autonomie, c'est la liberté. Mais la liberté, ce n'est pas faire ce que l'on veut, c'est faire ce que l'on veut dans le cadre de ce qui nous protège collectivement. Et encore une fois le seul qui parle de ces garanties nationales est Laurent Fabius.
Crois-tu que choisir un candidat ayant voté "non" soit le meilleur moyen de rassembler les socialistes et la gauche ?
Si je considère que Laurent Fabius a eu du courage (comme d'autres d'ailleurs) lors de sa prise de position contre le TCE, je considère que perpétuer ce clivage oui / non, c'est nier le fait désormais le vote des Français s'impose désormais à tous et au premier chef au Parti Socialiste. L’expérience nous enseigne qu’il sera difficile de transformer les choses en France sans faire bouger les lignes en Europe en tenant compte du vote du 29 Mai 2005. Et c'est avec un grand plaisir que je savoure les déclarations de l'ensemble des candidats sur cet aspect. Le Parti est partiellement revenu à la raison. Partiellement, car on retrouve malheureusement dans nos débats actuels des traits communs aux débats qui nous ont animés lors du référendum. Même soumission à la bulle médiatique, même inertie de l'appareil... Ma grande crainte est que les mêmes causes ne produisent les mêmes effets : un parti en décalage avec ses mandants.
Que penses tu des propositions portées par Laurent Fabius ?
Je n’ai pas toujours été d’accord avec Laurent Fabius, notamment quand il a été Ministre des Finances, mais je constate que c’est le seul candidat qui a tiré les leçons de la gauche au pouvoir, qui a analysé lucidement les raisons de la défaite de 2002. Il a eu le courage de le faire et d’assumer les erreurs commises, le traiter d’insincère me semble malhonnête intellectuellement alors qu’il est le seul à assumer ce devoir d’inventaire.
La gauche ne gagnera que si elle se rassemble, que si elle crée une dynamique qui redonne l’espoir d’un changement possible pour les couches populaires qui nous ont fait défaut le 21 avril 2002. Les impatiences sociales sont immenses, les inégalités criantes : c’est à cela qu’il faut s’attaquer en profondeur, en mobilisant tous les outils. Les propositions sur le pouvoir d’achat et le logement me semblent à cet égard essentielles.
Mais je me réjouis par ailleurs de ses prises de position pour une république parlementaire : pour régénérer la démocratie, il faut en finir avec la 5ème qui, on le voit très bien, place la forme avant le fond et l'opinion virtuelle au dessus du réel. C’est celui là le véritable enjeu démocratique.